En 1950, il y avait dans le monde un million de réfugiés. Ils sont aujourd’hui cinquante millions de déportés, déplacés, refoulés, déguerpis, « victimes de déplacements forcés », selon la définition du Haut Comité aux réfugiés ; ils ont fui les nombreux conflits locaux au centre de l’actualité internationale depuis plusieurs décennies. La liste de ces populations meurtries semble ne jamais pouvoir se clore et ne fait même que s’allonger au fil du temps : Palestiniens, Somaliens, Soudanais, Tchétchènes, Congolais, Rwandais, Colombiens, Afghans…
Que savons-nous d’eux ? Pas grand-chose, assurément. Le mérite de Michel Agier est justement d’apporter des connaissances concrètes sur cette réalité tragique du monde contemporain. L’auteur a voulu « dévoiler la dimension universelle, non ethnique, non particulariste de ce phénomène » (p. 13). Il a cherché à identifier les différents processus qui conduisent ces populations à quitter leur lieu d’habitation, leur région, souvent leur pays. Il s’est attaché à saisir les caractéristiques de la vie sociale dans des camps qui ont été conçus pour l’urgence et qui s’inscrivent presque toujours dans la durée. Enfin, il a mis en lumière la capacité des réfugiés à faire émerger, notamment dans ces institutions d’assistance humanitaire, une certaine modernité sociale et politique. On pourrait reprocher à l’auteur une approche parfois trop généralisante. Les personnes citées ou prises en exemple – peu nombreuses, en l’occurrence – font plus figure de témoins que d’informateurs, au sens où on l’entend habituellement en ethnologie. Les faits décrits renvoient à des observations de terrain ponctuelles, plus ou moins approfondies. Les données comparatives sont principalement puisées dans la littérature. C’est que, comme il est précisé dans l’introduction, cet ouvrage est le fruit non pas d’une enquête ethnographique bien circonscrite, mais d’investigations transversales menées sur des sites variés. Il a été composé à partir de notes et réflexions écrites en marge d’une enquête menée en Colombie et en Afrique noire. La lisibilité de l’ouvrage aurait été peut-être meilleure si l’auteur avait pris soin d’annoncer clairement le statut de son projet : un livre à mi-chemin entre l’étude ethnologique et l’essai engagé. Dans un cadre ainsi délimité, la valeur de l’entreprise est indéniable. Pour lire la suite : https://lhomme.revues.org/230
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Juillet 2017
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