Je fréquente un bel ensemble de l’étoffe montréalaise grâce à mes activités culturelles, sociales, récréatives et sportives. Le sujet de l’accueil des réfugiés syriens est continuellement abordé à chaque rencontre. La discussion est toujours passionnée pour ne pas dire polarisée. Tout en étant d’accord avec tout ce qui se dit, je ne peux que refléter le parcours de mon enfance. Je suis, moi-même, un réfugié. Toute ma vie a été façonnée par un manque d’identité. J’ai connu la guerre, j’ai vécu la terreur, j’ai souffert de privation, j’ai senti le traumatisme. Je n’ai jamais eu accès à un soutien gouvernemental, ni même au confort d’un organisme qui aurait dû prendre ma famille en charge.
Au début, la souffrance se traduit par un mal de soi : les cauchemars, la rage, le désir de revanche, l’humiliation, le complexe d’infériorité, la difficulté d’intégration. Mais en fin de compte, toute blessure finit par se cicatriser. L’attachement à la vie prime. On s’en sort avec une force hors du commun. On perce dans la vie pour la simple raison qu’on n’a pas le choix et qu’on n’a personne sur qui compter si on tombe très bas. Ces jours-ci, j’ai cessé de regarder les nouvelles à la télévision parce que ça m’attriste et me refait revivre mon cauchemar d’enfance. Cependant, j’ai le plus grand respect pour notre gouvernement fédéral et provincial qui tend la main à ces 25 000 réfugiés de Syrie, un pays qui est encore plus déchiré que le mien. Je comprends l’angoisse de mes compatriotes canadiens et québécois face à ce geste humain. Le Canada est un pays d’accueil, un pays construit sur l’immigration lointaine et récente. L’expansion du terrorisme est le fruit de la politique des grandes puissances et le résultat de la vente lucrative de l’industrie de l’armement. Nous avons fermenté la souffrance des populations civiles en jetant de l’huile sur un feu de champ. Le Canada est doté des institutions capables de venir en aide aux réfugiés, de les intégrer et même de profiter de leur capacité humaine pour contribuer à son épanouissement social et économique. Notre geste humain aura des retombées à travers le monde tant sur le plan économique que sur la scène politique. J’appelle mes compatriotes à démontrer de la compassion et de la solidarité humaine. Pour consulter sur le site du Devoir : http://www.ledevoir.com/international/actualites-internationales/456072/je-suis-un-refugie
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